Il faut croire que ses multiples vols au-dessus de la Baie de Somme ne lui suffisent pas. « C’est très beau mais à un moment, on finit par tourner en rond », explique en souriant Hervé Ribet. Le pilote d’Abbeville (Somme), qui vient de fêter ses 63 ans, a donc eu une idée « un peu folle » pour se challenger : en octobre 2024, il va faire le tour du monde en UML et en solitaire. « C’est un peu flippant mais on n’a qu’une vie ! Je ne veux pas avoir de regret plus tard donc c’est maintenant ou jamais », nous confie le passionné d’aviation.

Hervé Ribet, qui travaille dans le bâtiment, a fait son premier vol il y a une trentaine d’années à l’occasion d’un baptême de l’air. « Depuis, je ne suis plus jamais redescendu sur Terre », rigole-t-il. La passion ne m’a jamais quitté. » 

 Il a rapidement décroché son brevet de pilote et cumule aujourd’hui plus de 1 500 heures de vol en ULM et en avion. Il a aussi construit un hangar à l’aérodrome d’Abbeville pour y stocker ses trois avions, dont un qu’il a construit de A à Z. « J’ai acheté les plans et j’ai tout fait moi-même. Ça m’a pris dix ans. »

350 heures de vol

Comment cette idée de tour du monde en ULM lui est-elle venue ? Un peu sur un coup de tête. « J’ai en parlé autour de moi un jour, en rigolant. Puis au fil du temps, mes amis ont commencé à me demander : alors, tu pars quand ? », raconte-t-il. Donc je me suis pris au jeu et je me suis dit qu’il fallait oser. » Cela fait maintenant plus de trois ans qu’Hervé Ribet prépare minutieusement ce projet. « Rien ne doit être pris à la légère car cela peut vite devenir dangereux. Ce n’est pas une mince affaire. » 

Il a par exemple dû refaire entièrement son parcours en raison de la guerre en Ukraine et de la situation actuelle au Moyen-Orient. Après son départ d’Abbeville, le pilote va se diriger vers l’Espagne, le Sénégal, le Cap Vert. Il traversera ensuite l’Atlantique pour rejoindre l’Amérique du Sud. Il longera la côte ouest puis traversera cette fois-ci le Pacifique pour atteindre l’Australie. « Je survolerai le Sri Lanka, les Maldives puis je remonterai par l’Afrique de l’ouest pour revenir en France, détaille-t-il. Au total, cela représente environ 60 000 km et 350 heures de vol. »

Une « galère » pour faire le plein

Hervé Ribet prévoit un périple de quatre à cinq mois. Car même si son plan de vol est fin prêt, tout comme son appareil, il sait qu’il va devoir faire preuve d’improvisation sur place. « Le problème, c’est qu’on sait quand on atterrit, mais jamais quand on va pouvoir redécoller, explique-t-il. Je peux rester bloqué plusieurs jours à cause des douanes ou de la météo donc ça risque de décaler les escales suivantes. » 

Si toute la partie administrative devrait être réglée avant son départ, il devra s’occuper sur place d’un autre problème : le ravitaillement en essence. « C’est une vraie galère car dans certains pays, aucun carburant ne conviendra à mon ULM. »

Pour faire le plein, il devra alors se faire livrer des bidons dans les aéroports. « Mais ça va coûter très cher, a utour de 8 ou 9 € le litre… », glisse le pilote, qui estime le budget total de son aventure à environ 150 000 €. Une cagnotte en ligne a été lancée pour l’aider à la financer. Il est également à la recherche de mécènes.

Une étape difficile au-dessus du Pacifique

Le sexagénaire reconnaît être un peu stressé à l’idée de ce tour du monde repéré par Le Journal d’Abbeville . « Les nuits commencent à être agitées, nous confie-t-il en souriant. C’est un grand saut dans l’inconnu mais c’est aussi le projet d’une vie ! » Il sait qu’il va devoir rester concentré dans les moments difficiles, notamment pendant son étape de 15-16 heures au-dessus du Pacifique. « Il n’y aura que de l’eau en dessous donc je ne pourrai pas me poser si j’ai un problème… C’est assez angoissant. »

Pour éviter de tomber en panne, Hervé Ribet a pris les devants et fabriqué un réservoir de 240 litres d’essence qu’il a installé à la place du copilote. Son appareil a donc désormais une autonomie de 17 h. « Je vais voler à une altitude de 1 500-2 000 m, suffisamment bas pour profiter des paysages d’Ushuaia ou de l’île de Pâques… Ç a va être superbe », se réjouit l’aviateur, qui a évidemment prévu des jours de repos pour explorer les pays où il fera escale. Il sera possible de suivre son incroyable aventure sur son compte Instagram.