Dans un article retentissant publié dans Libération le 25 décembre 2023, Johanna Luyssen revenait sur un événement jusqu’alors relaté de manière biaisée : comment, le 16 novembre 1980, un philosophe renommé, avait assassiné son épouse dans les locaux mêmes de l’ENS Ulm. Il s’agissait pour la journaliste de rappeler le nom de cette femme, Hélène Rytmann, comme son parcours exceptionnel, et de dire hautement que ce meurtre serait aujourd’hui qualifié de « féminicide ». La journaliste a poursuivi son enquête dans un très beau livre, Les Fragments d’Hélène, qui vient de paraître.
Louis Althusser a étranglé sa femme dans son appartement de fonction, rue d’Ulm. Le choc est immense moins par intérêt ou compassion pour sa victime, sa propre femme, que parce que le philosophe est alors un mythe pour nombre d’intellectuels, que tout le monde préfère penser à un acte tragique et fou. Or, réplique l’autrice des Fragments d’Hélène, « comme les autres, cet homme avait fait d’Hélène un personnage secondaire de sa propre mort ». Mais alors, bien avant #Metoo, ce type de meurtre était banalisé et pouvait même être justifié par les discours médiatiques et intellectuels. Qu’est-ce qu’une épouse au regard d’un génie ?
L’épouse étranglée est effacée du récit, lui a droit à des articles, études, biographies, archives, colloques. Grasset publie les Lettres à Hélène d’Althusser sans celles d’Hélène… « Elle est l’invisible de la rue d’Ulm. Sans voix et sans parole ». Pourtant elle n’est ni un prénom ni une épouse, elle s’est appelée Rytmann, Legotien (son nom de code de résistante), elle a été l’assistante réalisatrice de Jean Renoir, elle était sociologue, spécialiste de la condition ouvrière. Mais de sa naissance (le 15 octobre 1910) à sa mort (le 16 novembre 1980), chaque fois que Johanna Luyssen cherche Hélène Rytmann-Legotien, elle trouve un homme sur le chemin d’Hélène, de son frère Joseph, propriétaire de grands cinémas rive gauche, à son époux assassin, philosophe, caïman rue d’Ulm. N’est-il pas symptomatique que ses archives, à l’IMEC, soient rangés dans le fonds Althusser ?

Plus encore, l’autrice assemble les fragments de celle que tout a concouru à faire disparaître certes pour la rendre à la lumière mais surtout pour en faire le chaînon de toute une lignée de femmes assassinées par leur conjoint ne supportant ni leur brio ni leur indépendance (Marie Trintignant, Cécile Poisson et tant d’autres). Elle fait d’Hélène un symbole du traitement médiatique des féminicides. Lorsque des articles paraissent, en 1980, « elle ne mérite pas trois lignes. La vedette, c’est le coupable », comme si, « au fond, la vraie victime (était) le philosophe lui-même ». Parfois valait-il quasi mieux ce silence, le JDD du 23 novembre 1980 la présentant comme une « petite femme juive, maigre et autoritaire » (!!), portrait dont l’ignominie le dispute à celui de Sollers, dans Femmes, une « petite forme sèche à béret, style institutrice ». Johanna Luyssen le cite encore, quand il ose écrire : « elle lui pompait l’air… il l’a asphyxiée »… !
Contre ces phrases abominables, il faut dire et redire Hélène, fragment après fragment. Johanna Luyssen cite Aurélie Foglia déclarant que « sa mort nous regarde ». Regardons-la en face, et non pas seulement sa mort, mais sa vie si pleine, sujet d’une passionnante enquête de l’autrice, puisque « le sens d’une vie ne peut pas être réduit à sa fin ».
Johanna Luyssen, Les Fragments d’Hélène, Julliard, septembre 2025, 208 p., 21 € — Lire un extrait
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