Pascal Méresse, instituteur retraité, a pris son envol il y a 20 ans à bord de ces petits appareils motorisés qui ressemblent à de grands papillons. L’Avesnellois partage sa passion d’un ciel sans limite avec des passagers qui en reviennent émerveillés. Rencontre.

Le rendez-vous a été fixé au cimetière de Flaumont-Waudrechies, drôle d’endroit pour une rencontre, encore qu’il s’agit de parler du ciel après tout ! En face des croix et en surplomb, une grande prairie sert de piste de décollage et d’atterrissage. Il est 7 h 45, juste après l’aube, mais le fond de l’air est encore frais, la rosée du matin transperce les chaussures d’été et une brume automnale pastellise la campagne.

Nous voici ici sur l’un des terrains de jeux de Pascal Méresse, pilote certifié d’ULM depuis 20 ans, photographe (perché) à ses heures et personne absolument solaire, à l’humour pétillant et à la joie communicative. Quelle mouche a piqué cet instituteur au grand cœur, fils d’agriculteurs, pour qu’il veuille ainsi quitter le plancher des vaches ? « Une nuit, j’ai rêvé que je volais au dessus des prairies de la ferme de mes parents à Étrœungt. Tout est parti de là ». Simple.

Un vol réservé à son père de 91 ans

Vingt ans plus tard, et après un report imposé par la météo, le pilote effectue ce jeudi matin de septembre 2023 son 700e vol, un cap quand même pour le bonhomme… « Ce vol était réservé à mon père de 91 ans, mais impossible de lui faire quitter la terre ferme ! », s’exclame Pascal, sous le regard aimant de ses parents Marc et Mauricette, venus assister à ce fameux vol anniversaire. Maman Mauricette, 80 printemps, aurait bien tenté à nouveau l’aventure aérienne – elle a déja volé en duo avec son fils –, mais sa santé ne lui permet plus. Alors c’est Édith, 70 ans, d’Avesnelles, qui s’y colle, avec un grand bonheur. Son mari Marc lui a offert ce cadeau pour son anniversaire et il a mis dans le mille. Édith veut réaliser tous ses rêves tant qu’elle est en grande forme. Voler comme un oiseau au dessus de son village fait partie de sa « to do list » !

« Un voile bleu-vert sur l’Helpe »

À deux à bord de l’appareil, dûment casqués, reliés par micros, et habillés chaudement, Pascal Méresse se veut rassurant pour sa passagère, mais elle est confiante. Ils décollent vite, et s’envolent pour un baptême en ULM à 1 500 pieds (500 mètres) au dessus d’Avesnes, Avesnelles et leurs environs. L’engin progresse à une vitesse de 50 km/h. Une demi-heure plus tard, l’équipage atterrit dans le pré. Alors ? Édith, le teint rosi par l’air vif, décrit un vol « tout en douceur, avec une vue incroyablement belle sur le bocage » et cette vision étrange et lunaire qu’offrent les cratères des carrières Bocahut. Elle est encore émerveillée par l’instant poétique « d’une brume matinale qui faisait un voile bleu-vert flottant au dessus de l’Helpe ».

Pascal Méresse range soigneusement la grande voile rouge qu’il redépliera en fin d’après-midi pour un second vol avec Éric qui vivra à fond ce cadeau de fête de père. Sur les 700 vols accomplis sur tous les appareils pilotés, 200 ont été partagés avec des passagers âgés de 10 à 80 ans.

Thierry déguisé en père Noël

Ces moments sont souvent intenses pour le pilote, et certains encore plus que d’autres. Tout là-haut, Coco son épouse a sabré le champagne en vol pour la naissance de leur petit-fils. Il y a eu la demande en mariage pour Florence qui a découvert du ciel la demande de monsieur, son ami Thierry déguisé en père Noël, un vol pour la finale de la Coupe du monde avec un drapeau tricolore, un vol avec un athlète amputé des deux jambes et un tout dernier vol pour un couple qui se savait condamné… Tous ces passagers ont réalisé leur rêve de voler en liberté. Comme Pascal.