L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit l’adage populaire. La mésaventure vécue par la maire de La Chapelle-sur-Chézy devrait servir de leçon à tous les élus qui, quoiqu’indécis sur l’implantation d’éoliennes sur leur territoire, estiment qu’ils garderont la main s’ils ne signent que pour une simple étude de faisabilité. Mais voilà, dès la simple acceptation, par le Conseil municipal de ce village, de cette étude, ces élus municipaux perdent la main sur le projet éolien. La mésaventure, sur ce même territoire au sujet du projet de l’industriel Boralex à Lucy-le-Bocage et Marigny-en-Orxois, refusé par les deux communes, la communauté de communes, le commissaire enquêteur puis par le préfet, qui a finalement obtenu gain de cause par la Cour d’appel de Douai, le démontre : dire oui une fois pour voir, c’est être finalement pieds et poings liés devant ces industriels.
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« Je me suis fait berner »
La réaction de Patricia Loiseau ne souffre d’aucune mauvaise interprétation… « Je me suis fait berner », lâche-t-elle devant ce projet éolien dont elle n’était pas certaine de vouloir. Sur le registre de l’enquête publique aujourd’hui terminée, elle explique le processus par lequel une simple signature risque d’aboutir à la construction de 4 éoliennes allant jusqu’à 170 mètres de hauteur, tout juste à la limite légale de 500 mètres des premières habitations. « En 2017, la société Nordex est venue nous voir pour faire une étude pour une éventuelle implantation d’un projet éolien sur notre territoire. Après le refus du préfet d’alors pour que nous puissions organiser un référendum local sur la question, le conseil municipal, après concertation des habitants, a accepté qu’une simple étude pour un éventuel projet soit effectuée. »
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Une signature et le dossier échappe aux élus locaux
Patricia Loiseau et son conseil municipal pensaient ainsi garder la main sur ce dossier.
Mais… « Ce ne fut pas le cas. Nous avions, sans en avoir été clairement informés par la société Nordex, signé un blanc-seing. » En effet, dans la foulée, cette société « a déposé son dossier auprès de la préfecture de Laon et nous n’étions plus les maîtres de la situation. »
Et quelle ne fut pas la surprise de la maire de constater que le projet prévoyait une éolienne tout juste au-delà de la limite légale de 500 mètres aux premières habitations d’une commune voisine : « Lorsque nous avions accepté cette étude, j’avais demandé qu’a minima, elles soient repoussées à 650 mètres. Alors, pourquoi sur la commune de Chézy-sur-Marne, une éolienne n’est à peine à plus de 500 mètres d’un îlot de quatre maisons ? Pour ma part, je ne fais aucune différence entre les maisons de ma commune et celles des communes voisines. »
Ils n’ont pas vu les chauves-souris
Patricia Loiseau pointe également du doigt des études biaisées par l’industriel éolien et elle dénonce ces méthodes l’excluant de ces études. Par exemple : « C’est par des habitants que nous avons appris qu’elle réalisait des études de bruit. En aucune manière je n’avais été informée par la société de leur intervention, je trouve cela très cavalier. » Mais le cas des chauves-souris fait bondir l’élue : « Une autre étude pour la recherche des chauves-souris a été entreprise. Là encore un fiasco total : la société ne les a pas vues, alors elle a décrété qu’il n’y en avait pas. C’est faux ! Notre village abrite de très nombreux de ces Chiroptères. »
D’après Patricia Loiseau, les études du paysage seraient tout aussi erronées. « Nordex s’est mise au ras du sol pour prendre des photos et bien entendu en période où les arbres sont feuillus. Je vous laisse imaginer ce que donnaient les photos : on ne voyait rien. Je leur ai fait remarquer ce fait, mais ils n’ont rien changé de leurs photos-montages dans le dossier envoyé à la préfecture. »
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La mission Unesco, non entendue sur ce projet, alors que le projet éolien est situé dans la zone d’engagement lors de l’inscription au patrimoine mondial, la non-prise en compte de la visibilité depuis le site mémoriel de la cote 204 à Château-Thierry, la piste d’atterrissage ULM de la ferme de Brochot, située à moins de 2,5 km de deux aérogénérateurs du projet, « quand la norme exige une distance supérieure à 2,5 km, et la réponse de la société qui explique que les ULM n’ont qu’à passer ailleurs pour atterrir », ont fini d’exaspérer Patricia Loiseau sur les méthodes peu « orthodoxes » de ce promoteur éolien dont de nombreux projets éoliens, dont celui à La Chapelle-sur-Chézy, ont été rachetés par RWE en novembre 2020.
Et maintenant ?
Qu’adviendra-t-il finalement de ce projet ? La maire de La Chapelle-sur-Chézy n’en sait rien. Mais l’exemple de celui de Boralex et de son acharnement à vouloir implanter ses installations industrielles productrices de peu d’énergie, 25 % environ de la puissance installée sur une année, en comparaison des presque 90 % pour des équipements hydrauliques fonctionnant sans interruption, a même obligé Xavier Bertrand, le président de la Région des Hauts-de-France, à intercéder auprès de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, pour lui demander de faire appel de la décision de la cour d’appel de Douai devant le Conseil d’État, ne plaide pas pour une clôture rapide de ce dossier épineux. Et la maire de ce village de donner un conseil à tous les élus : « Sauf si vous voulez de ces éoliennes, ne signez rien, surtout pas pour une simple étude de faisabilité, au risque de voir ensuite ces machines envahir vos territoires contre votre volonté. »
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Finalement, pour la question de l’éolien, un élu local averti en vaut plus que deux !
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