Pour lui, tout paraît facile. Depuis qu’il écume les parquets, Zaccharie Risacher (18 ans) connaît une ascension fulgurante, un parcours remarqué qui doit désormais le mener jusqu’aux portes de la NBA, consécration pour les jeunes basketteurs qui rêvent de faire le grand saut, là où les plus grandes légendes se sont révélées.

Loin des programmes dédiés aux « prospects » en Australie ou aux États-Unis, lui a choisi de rester en France pour se préparer à relever cet immense défi. L’été dernier, le jeune ailier a pris la décision forte de quitter son club formateur de l’Asvel pour rejoindre la JL Bourg (en prêt), afin de pouvoir rester « maître de [son] destin ».

Seulement 76 kilomètres séparent Bourg-en-Bresse de Villeurbanne. Pourtant, le chemin parcouru par le jeune homme est déjà grand. Un itinéraire également emprunté par Anthony Brossard, son coach en Espoirs à l’Asvel, devenu son entraîneur individuel : « On s’est retrouvés tous les deux dans une situation de changement, avec un réel intérêt de travailler ensemble. »

Enfant de la balle

Comme pour Victor Wembanyama un an avant lui, le cadre proposé par le club villeurbannais n’était pas suffisant pour permettre au jeune talent, en quête de temps de jeu et d’un rôle clairement identifié, de se développer.

« À l’Asvel, le club avait envie de lui faire de la place mais peut-être pas une place assez importante par rapport à ses objectifs. Cette saison, c’est différent. L’équipe a été pensée et réfléchie avec lui, donc son rôle est vraiment très clair », poursuit Anthony Brossard.

En territoire bressan, le natif de Malaga (Espagne) est bien entouré. Son entraîneur, Frédéric Fauthoux, l’a déjà côtoyé en 2021-2022 sur le banc de l’Asvel, en tant que bras droit de TJ Parker. Zaccharie Risacher y a aussi retrouvé un autre visage connu, celui de François Lamy, ancien manager général du club de la banlieue lyonnaise et aujourd’hui consultant pour la JL Bourg. Celui qui le suit depuis trois ans ne tarit pas d’éloges sur le phénomène : « C’est un gamin extrêmement mature, très connecté au travail. Avec lui, il n’y a pas besoin de faire de piqûre de rappel. »

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Fils de l’ancien international français Stéphane Risacher (124 sélections), médaillé d’argent olympique en 2000 avec les Bleus, « Zacch’ » a grandi avec un ballon dans les mains, de ses premiers pas au club de Lyon SO jusqu’à ses premiers coups d’éclat en Élite. « Il a toujours eu un entraîneur personnel. Je n’ai pas créé quelque chose de nouveau, j’ai simplement prolongé ce que son père a fait », sourit Anthony Brossard.

Chez les Risacher, la filiation ne porte pas l’étiquette de fardeau, elle est au contraire un moteur. Comme sa sœur Ainhoa (16 ans), élue meilleure joueuse du dernier Euro U16, Zaccharie ne voit pas cet héritage comme un poids. « Au contraire, il est en recherche d’éléments de la part de son père », insiste son entraîneur individuel.

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Joueur élégant au profil étonnant, le Burgien bouscule les codes de son poste. « Il est vraiment bluffant ! C’est un extérieur de 2,07 mètres, très fluide, à l’aise balle en main, avec tir très fiable. C’est un gabarit qu’on ne voit pas tous les jours. Il a un sens du jeu assez confondant, c’est très impressionnant », loue François Lamy.

Avec la JL Bourg, engagée en Eurocoupe, Zaccharie Risacher a rapidement confirmé son potentiel. Le résultat d’une détermination et d’une éthique de travail que rien ne semble pouvoir contrarier. « Il a une capacité d’apprentissage et de travail au-dessus de la moyenne. Plus on passe de temps à l’entraîner, plus fort il devient. Ça paraît évident pour tout le monde mais avec lui c’est assez concret : il transfère très vite ce qu’il fait à l’entraînement sur le terrain », précise Anthony Brossard.

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Élu meilleur jeune joueur du championnat en octobre et novembre, l’international français U19 (11 points, 3,5 rebonds et 1,1 passe décisive par match en moyenne) contribue largement aux bons résultats de sa formation, actuellement 3^e du championnat (11 victoires, 5 défaites).

L’appel du pied de la NBA

Pour parfaire sa progression, le joueur, qui doit notamment encore travailler son agressivité face au cercle, soumet son corps à une mécanique et à un programme bien rodés.

Avant chaque entraînement collectif, le numéro 10 bressan s’impose 1 h 30 d’efforts supplémentaires. « On a ciblé trois choses. D’abord, stabiliser son tir extérieur. On travaille aussi à “ raccourcir la longueur ”», c’est-à-dire être plus compact pour gérer au mieux les contacts. Enfin, la dernière chose que l’on voit ensemble est ce que les Américains appellent la “ séparation ”, à savoir sa capacité à battre son défenseur en un contre un, à créer des décalages », détaille son coach personnel.

EN FAMILLE ??
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Sélectionné pour son premier All Star Game (ce samedi 30 décembre, à l’Accor Arena), Zaccharie Risacher incarne l’avenir du basket français, à l’instar du dernier numéro 1 de la draft, Victor Wembanyama avec qui il partage le sens du collectif et le plaisir du jeu. « Zaccharie est du même ADN que Victor, ce sont des joueurs qui ne sont pas centrés sur eux-mêmes, sur leurs statistiques… Je trouve que c’est un message très important pour les nouvelles générations », explique Anthony Brossard, qui concède néanmoins qu’il serait « dangereux de penser que l’on va avoir un joueur comme eux tous les ans. Ce serait mettre une pression assez importante sur les successeurs. »

Naturellement, les performances de Zaccharie Risacher n’ont pas échappé aux franchises NBA. Annoncé en troisième position de la dernière « mock draft » (prévisions) d’ESPN, le Français attise la curiosité de l’autre côté de l’Atlantique.

Après avoir disputé un match d’Eurocoupe face au club allemand d’Ulm sous le regard attentif de 19 émissaires de la grande ligue américaine, le 29 novembre dernier, l’ailier a renouvelé l’expérience dix jours plus tard, sur le parquet de Cholet. « Lorsque les scouts me demandent s’il a du caractère, je leur dis souvent que ce qu’ils veulent voir comme qualité chez un joueur, c’est la compétitivité. Avec lui, on est en plein dedans ! », confie François Lamy, déjà persuadé que le joueur de 18 ans au talent immense « n’aura plus rien à faire en Europe la saison prochaine ».

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