L’annonce valait bien un déplacement : Till Oberwörder, le chef de la division Daimler Bus et président du directoire d’EvoBus, s’est rendu lui-même dans l’usine de Ligny-en-Barrois, dans la Meuse, pour apporter la nouvelle aux salariés. À partir du premier trimestre 2024, l’usine meusienne d’Evobus France (CA : 735 M€ ; 2 500 salariés) va produire le eCitaro, soit la version électrique de l’autobus phare du constructeur allemand, le Citaro.
Avec cette nouvelle version du Citaro, l’usine meusienne va solidement s’arrimer aux orientations stratégiques du groupe. « Depuis son introduction sur le marché en 2018, l’eCitaro, autobus urbain à propulsion 100 % électrique, n’a été produit qu’à Mannheim », souligne dans un communiqué Evobus France, filiale du groupe Daimler Truck.
Pour se mettre en ordre de marche et être capable de produire la version électrique du Citaro, l’usine de Ligny-en-Barrois va bénéficier, d’ici à 2030, d’un investissement de 50 millions d’euros. Depuis 2021, 150 postes ont été créés par Evobus en Meuse, et la croissance des effectifs va se poursuivre : 250 nouveaux postes seront nécessaires pour accompagner « l’électrification » des lignes de production du Citaro.
Le marché se convertit à l’électrique
Entité séparée du groupe Daimler depuis 2021, produisant des poids lourds, des autocars et des autobus, Daimler Truck, la maison mère d’Evobus, a vu son chiffre d’affaires bondir de 28 % au cours de l’exercice 2022, pour atteindre 50,9 milliards d’euros. Le bénéfice net avant intérêts et impôts a suivi le même rythme pour grimper à 3,9 milliards d’euros contre 2,5 milliards sur l’exercice précédent. Des résultats qui s’expliquent par la demande post-Covid, mais aussi par le positionnement du groupe, qui accélère sur la transition énergétique et met en production, sur tous les segments de marché, des véhicules électriques : en 2022, les ventes de bus et de camion électrique ont déjà représenté 14 % des ventes du constructeur, soit plus de 520 000 unités.
Sur le marché des autobus, l’électrification trace sa voie : « Rien que l’année dernière, Daimler Buses a immatriculé près de 300 nouveaux eCitaro en Allemagne, ce qui représente près de la moitié des nouveaux bus électriques immatriculés de plus de huit tonnes. Au total, près de 700 eCitaro sont actuellement utilisés dans les entreprises de transport allemandes », souligne Evobus. En France, l’eCitaro roule déjà à Rennes, Rouen et Nice. Pour adapter le site de Ligny-en-Barrois, le groupe a acheté à la commune de Ligny-en-Barrois les trois hectares du stade municipal André-Lepage, situé à proximité de l’usine Evobus, pour faire sortir de terre une extension. Ce nouveau bâtiment doit notamment abriter un nouvel atelier de peinture, ainsi qu’une installation de contrôle de l’étanchéité des véhicules. « Les lignes de production existantes seront entièrement transformées pour une production mixte des versions diesel et électrique du Citaro », souligne Evobus France. Actuellement, le site de Ligny-en-Barrois fabrique essentiellement des Citaro, soit près de 2 000 véhicules, dont la moitié est hybride, c’est-à-dire équipé d’un moteur diesel couplé à un moteur électrique pour abaisser la consommation de carburant.
Face à une concurrence plus affûtée
Ces annonces repositionnent le site meusien sur la trajectoire du développement de Daimler Truck. Début mars, le constructeur allemand a dévoilé un plan d’investissement de 150 millions d’euros, injectés d’ici 2030 dans ses usines de Mannheim et Neu-Ulm. Concrètement, Mannheim doit devenir le « centre de compétences » pour les autobus urbains électriques, quand Neu-Ulm se concentrera sur la production d’autocar de la marque Setra. Une stratégie qui visait essentiellement à faire des économies : d’ici à 2028, le groupe devrait délocaliser le « gros œuvre » de l’activité bus, soit la fabrication des caisses des véhicules, des sites allemands vers Holysov en République tchèque. Une stratégie présentée comme « rationnelle » par le groupe, qui se prépare à affronter une concurrence plus affûtée sur la mobilité électrique et veut réussir à économiser 100 millions d’euros par an d’ici 2030.
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