PORTRAIT – Mathématicienne, spécialiste de l’espace et entrepreneure, Hélène Huby veut démocratiser l’exploration spatiale. Portrait d’une aventurière qui n’a rien à envier à Elon Musk et son projet Space X.
Un pied en Allemagne et l’autre à Bordeaux, elle travaille dans l’avion, le taxi, multiplie les conf’call en anglais, en français, avec des journalistes, des investisseurs, des chefs d’équipe. PDG depuis 2021 de The Exploration Company, start-up spécialisée dans les technologies spatiales et dont elle est la cofondatrice, Hélène Huby s’est fixé une mission : démocratiser l’exploration spatiale en la rendant abordable, durable et ouverte – rien que ça. Si tout va bien, au printemps 2024 et grâce au travail acharné de ses équipes, elle fera décoller sa première capsule baptisée Nyx, prototype d’un véhicule de transport de fret, concurrent du Dragon de SpaceX, capable d’ici à 2030 de ravitailler les futures stations spatiales bâties sur fonds privés.
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Un exploit qui lui a valu, en octobre 2023, de remporter le prix de l’Entrepreneur de l’année, organisé par le cabinet EY, dans la catégorie start-up. «C’est une marque de reconnaissance pour tout le travail mené avec les équipes : en deux ans, nous sommes passés de 4 à 100 personnes. Nous sommes l’entreprise spatiale qui a levé le plus d’argent en Europe, 65 millions d’euros, dans des conditions économiques difficiles, et décroché plus de 150 millions d’euros de contrats. Une marque de confiance pour le futur : nous n’avons pas encore envoyé notre premier vaisseau !», nous glisse l’aventurière.
Une nouvelle ère spatiale
Il est loin le temps où Nasa, ESA (l’agence européenne de l’espace) ou Roscomos (l’agence russe) étaient les seuls acteurs de l’espace. La nouvelle ère spatiale est désormais marquée par l’essor du secteur privé, emmené par Space X ou Blue Origin aux États-Unis, «où le rôle des entrepreneurs est plus important que jamais, pour apporter de nouveaux services mais aussi de nouvelles façons de voir», souligne Magali Vaissière, ambassadrice France 2030 sur le volet spatial et présidente de l’Institut de recherche technologique Saint-Exupéry, à Toulouse. «Le secteur connaît une vague d’innovations sans précédent, qui s’étend à tous ses domaines d’application.»
Hélène Huby est très souvent comparée au milliardaire Elon Musk : sa société est jusqu’ici la seule (pour le fret) avec SpaceX (pour les vols avec passagers) à avoir été sélectionnée par l’entreprise Axiom Space pour son ambition d’ouvrir l’espace aux vols et séjours commerciaux. Les points communs s’arrêtent là… «Il a quand même quelques années d’avance sur l’Europe», avance-t-elle modestement. Quand on lui demande si elle a toujours eu les yeux tournés vers le ciel, l’entrepreneure dément : non, elle, son truc, « c’était la physique quantique», sourit-elle. Contrairement au milliardaire américain, qui s’est formé seul et n’a pas usé les bancs des universités (publiques) où il était inscrit, elle a suivi un véritable cursus honorum, et réussi à être à la fois diplômée de l’École normale supérieure (Ulm, en économie et mathématiques appliquées), de Sciences Po Paris et de l’École nationale d’administration.
Au quotidien, je ne pense pas du tout au fait que je suis une femme
Hélène Huby
La jeune femme commence sa carrière au ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, mais c’est chez Airbus qu’elle entre en collision avec l’espace. Elle occupe successivement les postes de vice-présidente de la stratégie spatiale chez Airbus Group, directrice de programme chez ArianeGroup, et responsable de l’innovation chez Airbus Defence & Space. Elle devient ensuite vice-présidente Orion-ESM chez Airbus Defence & Space, où elle veille à la livraison du module européen qui emmènera des hommes sur la Lune.
«L’espace s’est imposé progressivement dans ma vie, explique-t-elle. Ce sont des éléments du hasard et de la chance qui m’ont permis cette rencontre. J’ai réfléchi à rester chez Airbus, j’étais l’une des plus jeunes femmes executives, mais je me suis demandé où mon travail aurait le plus d’impact dans les vingt prochaines années. Et pour moi, l’entreprenariat était la meilleure option : c’est de l’intérieur que l’on peut transformer l’écosystème spatial européen», nous explique-t-elle. Avec une équipe de spécialistes expérimentés – des anciens d’Airbus et d’ArianeGroup –, elle cofonde The Exploration Company pour développer, fabriquer et exploiter des vaisseaux spatiaux qui répondent aux besoins logistiques des stations spatiales.
Un moment symbolique
Le marché devrait croître de 400 % au cours des huit prochaines années selon les estimations de la start-up. «Que l’on vise l’exploration sur la Lune ou sur Mars, ce qui compte, c’est le «comment» : si l’on parvient à retourner sur la Lune, ce ne sera pas une exploration confrontationnelle, comme à l’époque de la guerre froide, mais collaborative. Nos interfaces sont techniquement compatibles avec les Américains, les Chinois, nous allons tirer avec les Indiens, puis les Américains… Notre équipe compte une trentaine de nationalités.»
Hélène Huby se souvient avec émotion du contrat signé avec Axiom Space, en octobre. Bruno Lemaire considère alors que cette signature « démontre la capacité de notre industrie européenne à répondre au marché du transport spatial, ainsi que la réalité de la coopération franco-allemande et son succès sur la scène internationale.» Pour Hélène Huby, c’est en effet symbolique : «Axiom ne signait pas avec SpaceX, Boeing ou Sira Space, mais avec nous, qui étions soutenus par l’agence spatiale européennes, mais restions une start-up proposant une capsule développée sur fonds privés. C’est à mon sens un instant important dans la recherche spatiale, qui continuera à reposer sur la coopération internationale, mais sera surtout tributaire de partenariats publics/privés», estime-t-elle.
En finir avec le «no woman’s land»
Dans le monde de la tech et de l’investissement spatial, Hélène Huby fait figure de précurseur. Quand le recrutement de la spationaute Sophie Adenot est annoncé au printemps dernier, on se rend compte que l’espace reste encore aujourd’hui un no woman’s land. Quand l’ESA fait un appel à candidatures, seules 10 % des prétendants sont des femmes. On ne compte qu’une cinquantaine de femmes parmi les 560 astronautes ayant jamais volé. Pourtant, quand on lui demande si elle a eu l’impression de percer un plafond de verre en partant à la conquête de l’espace, Hélène Huby botte en touche. «Je ne pense pas du tout au fait que je suis une femme au quotidien… mais il est vrai que les femmes sont parfois moins bien équipées que les hommes pour négocier, et faire face dans le cadre de ces négociations à des démarches brutales, sans foi ni loi, sournoises.»
Alors que, selon elle, 98 % des investisseurs sont des hommes, la dirigeante a fait le choix de prendre une coach : «Je lui ai dit : «je veux apprendre à jouer au poker, avoir les mêmes cartes dans mon jeu.» Je voulais une caisse à outils que je puisse utiliser pour défendre mes projets en restant fidèle à mes valeurs.» Ces dernières, justement, sont de plus en plus souvent au cœur des discussions – l’exploration spatiale coûte cher à l’environnement… Avec sa capsule réutilisable, fonctionnant avec l’ergol vert (un carburant plus coûteux et risqué), Hélène Huby entend au contraire travailler pour un avenir spatial plus responsable : «De nombreuses technologies développées pour l’espace – un environnement horrible – ont beaucoup apporté : les panneaux solaires ont été inventés pour les satellites, par exemple. On recherche de plus en plus à minimiser les impacts des activités humaines, il n’y a pas de raison que l’espace n’y soit pas soumis.»
L’entrepreneure, qui a quatre enfants, a ainsi embauché récemment un live cycle product engineer, chargé de maximiser la durée de vie du matériel et de minimiser les impacts environnementaux. 2024 s’annonce prometteuse. Avec l’Agence spatiale française et l’université de la Bundeswehr, elle a d’ailleurs créé SpaceFounders, un accélérateur européen de start-up dans le domaine des technologies spatiales, dont elle est membre du conseil d’administration. Avant de partir retrouver un investisseur, l’entrepreneure conclut, optimiste : «On a réussi Airbus, on a réussi l’euro, pourquoi ne parviendrait-on pas à envoyer nos spationautes avec nos propres outils ? Nous avons tous besoin d’un rêve !»
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