La France sera donc le premier pays au monde à donner au droit à l’avortement valeur constitutionnelle. Au moment où nous célébrons l’événement, il convient de le remettre en perspective en rappelant les principales étapes qui ont conduit à ce changement de mentalités majeur mais en n’oubliant pas que les consciences de nos contemporains ne sauraient évoluer sans l’aiguillon et le courage de quelques francs-tireurs. Or, à l’heure de la montée des tensions géopolitiques, les mentalités constituent plus que jamais le terrain et l’enjeu des conflits à venir.
Ce fut la grandeur de Valéry Giscard d’Estaing, tout juste élu président de la République, de vouloir faire voter la loi. Ce fut son intuition lumineuse de la faire porter par Simone Veil dont on sait le courage face à la violence qu’elle dut affronter. Ancienne déportée, magistrate, la nouvelle ministre de la Santé qui trouva la loi rédigée sur son bureau par son prédécesseur Robert Boulin, y vit la continuité de son engagement pour le droit des femmes dans les prisons et sa voix força le respect. Elle eut l’intelligence dans son discours de jouer le pragmatisme plus que les grands principes pour gagner à sa cause une majorité de parlementaires alors hostiles, à l’image du pays, à cette mesure. L’accès à l’IVG fut long à se mettre en place, les décrets d’application n’intervenant qu’avec retard.
L’histoire de la dépénalisation de l’IVG ne remonte pas à 1974 mais à 1953
Que cette loi fasse aujourd’hui la quasi-unanimité chez les parlementaires comme elle le fait dans le pays – 80% des Français y sont favorables – montre que nous vivons désormais dans une société qui a mûri dans le respect qu’elle porte aux femmes comme dans son rapport à l’éthique. Les artisans de la loi de 1975, aujourd’hui tous disparus, ont droit à notre reconnaissance pour le combat et l’engagement qui furent les leurs. Car non, chère Mathilde Panot, derrière une loi, il n’y a pas toute une foule ! Comme le rappelle l’historienne Bibia Pavard, on oublie‚ au-delà du consensus actuel, ce que furent les affrontements de l’époque, mais aussi le fait qu’aucun parti politique, même pas de gauche, ni aucune association, n’ont été unanimement porteurs du projet. On se souviendra de cette accusation lancée par Jeannette Vermeersch, épouse de Maurice Thorez, justifiant son opposition aux actions du Planning familial au prétexte que ces promoteurs visaient à diminuer l’armée de prolétaires… avant d’avouer, en 1977, avoir elle-même eu recours à l’avortement !
L’histoire de la dépénalisation de l’IVG ne remonte pas à 1974 mais à 1953, qui fut aussi l’an I de l’accouchement sans douleur en France, autour de la création du groupe Littré. Sans couleur politique, celui-ci réunissait en Suisse des médecins désireux de faire évoluer la législation européenne. Il fut le premier à déposer sur le bureau de l’Assemblée nationale en 1954 une proposition de loi visant à abroger la loi de 1920. En 1956, le docteur Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé dénonça celle-ci devant l’Académie de sciences tandis que le journaliste Jacques Derogy faisait paraître, en rupture avec le PCF qui en condamna la publication, un ouvrage qui fit grand bruit, Des enfants malgré nous.
Rompre avec la morale sexuelle traditionnelle
Indignés par ce qu’ils voyaient de la mortalité des femmes dans les maternités, les médecins, au premier rang desquels Maire-Andrée Lagroua Weill-Hallé et Pierre Simon, décidèrent alors de passer par les marges. Face à l’hostilité des politiques comme de l’opinion et au poids des Eglises, il n’était pas possible, à leurs yeux, de s’attaquer directement à la loi de 1920. Dans un pays où les saignées de la Première Guerre mondiale avaient rendu la croissance démographique tabou, il fallait tout d’abord dissocier dans l’esprit de l’opinion conception et avortement. Tel fut l’objet de la loi sur la régulation des naissances votée en décembre 1967 grâce l’action du député gaulliste Lucien Neuwirth. Le combat fut plus long que prévu et, une fois la guerre gagnée, il restait encore une dernière bataille. Les mêmes qui étaient à l’origine de la loi sur la contraception poursuivirent la lutte en faveur de l’avortement.
Le rapport Simon sur le comportement sexuel des français fut mis en chantier en 1969 et il fut convenu qu’il serait préfacé par le ministre de la Santé de l’époque, Robert Boulin. Ce fut le cas en 1972. L’une de ses visées était de rompre avec la morale sexuelle traditionnelle et d’amener la société à un état de maturité auquel feraient écho les nouveaux comportements. A l’époque la société française feignait encore d’ignorer que 600 000 avortements clandestins se pratiquaient sur son sol. C’est alors qu’Anne-Marie Dourlen-Rollier, Raoul Palmer et Pierre Simon fondèrent l’Association nationale pour l’étude de l’avortement. Celle-ci vit ses travaux, un temps suspendus par le remplacement de Robert Boulin par Jean Foyer, reprendre, sous l’égide du nouveau ministre de la Santé, Michel Poniatowski. Les outrances des militantes féministes du Mlac, tard venues dans la bataille, favorisèrent malgré elles un projet qui, du coup, parut plus raisonnable aux yeux des parlementaires. Le vote de la loi Veil demeura pourtant, plus encore qu’une guerre d’idées, un «choc entre deux mondes» (Pierre Simon) (1).
Cette bataille, si elle se transporte aujourd’hui et demain sur de nouveaux objets, n’a pas cessé. Ces deux visions du monde – la sacralisation à tout prix de la vie ou du vivant au nom de principes théologiques ou idéologiques et celle d’un humanisme qui considère que sa gestion revient à l’homme pour ce qu’il juge être l’idéal le meilleur possible, continuent de s’affronter. Le progrès éthique ne relève pas d’une histoire linéaire. Il voit alterner des moments de conquête et des moments de repli. La volonté d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution française rappelle qu’en termes de valeurs l’esprit de résistance accompagne aussi l’esprit de conquête.
(1) Perrine Simon-Nahum est la fille du docteur Pierre Simon.
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