Samedi, le chef du mouvement islamiste libanais va prononcer un nouveau discours télévisé, le deuxième depuis le début de la guerre du Hamas avec Israël. Une grande partie de la frontière a été évacuée, décrétée zone militaire par l’armée israélienne. Dans les villages toujours habités, la population se barricade.
Le moshav, communauté agricole coopérative, de Dalton est la dernière zone habitable non-évacuée des environs. Nous sommes au nord d’Israël, à cinq km à vol d’oiseau du Liban, où la tension monte depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas contre Israël. Le village est sous cloche : l’entrée est protégée par une grille en fer tenue par un réserviste armé, fusil d’assaut M-16 en bandoulière.
Une dame sort de sa maison cossue : « À partir de 16 heures, la vie s’arrête, c’est silence total », nous raconte-t-elle. Elle ajoute fermer sa porte à clé la nuit tombée, barricadée chez elle. Cette fois-ci, on a vraiment peur », explique-t-elle.
« On a plus peur des terroristes que des tirs de mortiers. »
Une habitante du moshav de Daltonà franceinfo
Elle parle de la peur d’attaques au sol semblables à celles du 7 octobre dans les kibboutz et la peur, aussi, de nouvelles menaces aériennes. « On nous parle des ULM qui peuvent descendre du ciel. Chaque jour, l’armée en descend un ou deux, nous relate-t-elle. Ces objets volants, ça nous fait vraiment très peur. Les mortiers, tu entends un boom, tu rentres dans l’abri, c’est tout. Là, c’est la guerre qui démoralise le plus ».
Au même moment, des militaires roulent à vive allure devant sa maison. À Kerem Ben Zimra, le moshav voisin, la majorité des habitants a quitté les lieux. Certains militaires dorment désormais dans les logements vides.
Uriel, garde son épicerie ouverte devant le parc pour enfants, totalement déserté. « Même s’il n’y a qu’une ou deux familles, explique-t-il. Il y a aussi des soldats qui sont là, même si beaucoup sont partis hier ». Un pick-up arrive : c’est celui de Shlomon, le chef de la sécurité. Il fait signe à Uriel de se taire. « Sur ce qui concerne le militaire, je ne peux rien dire », justifie-t-il. Avec des civils armés, il garde l’entrée protégée par une grille, et des blocs de béton l’ennemi se trouve derrière la colline.
« Le Liban était un beau pays. (Hassan) Nasrallah est arrivé avec son Hezbollah et il a tout cassé. »
Shlomon, chef de la sécurité de Kerem Ben Zimraà franceinfo
Le regard de Shlomon se ferme, le ton est martial quand il parle du chef du Hezbollah. « Ça fait 17 ans qu’il est sous terre. S’il sort la tête, on lui coupe », menace-t-il. Derrière la colline, les bruits sourds de l’artillerie israélienne retentissent. Shlomon sourit :« Désormais, je ne suis plus inquiet, on s’est organisé ».
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