Depuis la Libération, l’école républicaine a produit en série des générations d’esprits surchauffés par la littérature, qui passent leurs examens comme on gagne des batailles, confondent l’odeur de la craie et celle de la poudre et qui, du haut des estrades, croient s’élever au niveau de l’histoire universelle. Appelons cela le «syndrome de Stanislas».
A l’atelier théâtre du lycée, ils se chauffent la voix et le cœur en de grandes tirades et s’octroient des destins remarquables, des vies romanesques. Très vite, ils se prennent pour Julien Sorel, Lucien de Rubempré ou Frédéric Moreau. Madame Arnoux n’est jamais loin. Ils mûrissent sous son regard comme des prématurés en couveuse. Déficit d’expérience. Excès de littérature. Cela les conduit plus tard à envisager la carrière politique comme une discipline «paralittéraire», comme d’autres, ayant échoué en médecine, s’orientent vers des professions paramédicales…
Le monde politique français est peuplé de ces sosies : faux Rastignac se bousculant au portillon de la gloire, clones de Julien Sorel ayant dépassé la date de péremption de leur modèle. La plupart rangent leurs livres et passent aux choses sérieuses, la carrière, la famille. Et on n’en parle plus. Tous ne deviennent pas président de la République. C’est bien là le problème. Eût-il réussi à Normale sup, Emmanuel Macron serait peut-être devenu écrivain ou diplomate. Recalé rue d’Ulm, il fit l’ENA et installa à l’Elysée un alliage trouble de romanesque et d’énarchie.
Le Président a choisi de se consacrer à une cause perdue
Ce président élu pour sa jeunesse, et parce qu’il offrait l’espoir d’un renouvellement de la vie politique, est paré en ce début de second mandat de tous les défauts de la vieille politique. «Vieille France» a titré justement Libé. Celui que l’on vit mimer De Gaulle attablé face aux journalistes dans un remake de la vieille conférence de presse, s’est trompé de République, il parlait comme un président du Conseil de la IIIe République. Marseillaise, uniforme à l’école, natalité, civisme, drapeau français. Que la France reste la France ! Ordre, éducation, mérite. Un lexique rapiécé.
Prince paradoxal ou contrarié, Macron voulait gouverner en grand, créer l’illusion de la souveraineté alors qu’il ne détient qu’une souveraineté étouffée par le corset des règlements européens et placée sous la tutelle des marchés et des agences de notation. Reconnaissons-lui au moins une forme d’idéalisme ou de naïveté : plutôt que de gagner des millions dans une banque d’affaires, Emmanuel Macron a choisi de se consacrer à une cause perdue, l’idée d’un pouvoir proprement politique, dans une scène politique dont il a précipité la décomposition.
S’il a choisi de faire de la politique plutôt que des affaires, c’est sans doute aussi par ambition. Une ambition épique. Un désir de roman. On connaît la formule de Victor Hugo enfant : Chateaubriand ou rien. Mais la littérature ne sourit pas aux impatients. Ce sera président ou rien ! «Etre candidat à la présidence, c’est avoir un regard et un style. Aussi vrai qu’un écrivain a un regard et un style. Mon regard est tourné vers là où je veux emmener les Français.»
Un idéalisme sans doute déplacé qui consiste à vouloir écrire sa propre légende, devenir le narrateur de soi. Et comment le faire sans tenter d’héroïser une fonction présidentielle qui, tout en restant confiscatoire et abusive dans le périmètre restreint de ses attributions et tyrannique sur les hommes, a perdu tout pouvoir sur les choses.
Comment héroïser une fonction politique privée de moyens ?
Comment comprendre, en effet, ses nombreuses déclarations sur la magie, les mythes, son attention presque obsessionnelle à la mise en scène du pouvoir, cette volonté farouche et presque infantile de construire son propre charisme et d’acquérir son ascendant par ses propres moyens comme on s’achète une conduite.
«Quand la République perd ses rites, d’autres rites sont inventés. Je ne crois pas du tout que le symbolique soit vieux jeu.» Comment héroïser une fonction politique dévaluée et privée de moyens, comment avec les débris du personnel politique des trois quinquennats précédents susciter l’engouement, libérer les énergies, débloquer une société vieillissante et sans avenir ?
«Notre route est droite mais la pente est forte», disait un ex-Premier ministre. Elle est même vertigineuse. De André Malraux à Rachida Dati.
Emmanuel Macron n’a pas ménagé ses efforts pour retrouver, sous l’étoffe présidentielle un peu froissée que lui a laissée François Hollande, un semblant d’autorité. Mais l’autorité n’est pas une question de posture, ni même de mise en scène. C’est un dispositif de représentation adossé à une puissance d’agir. Si la fonction présidentielle n’est plus crédible, c’est que nous sommes passés de la souveraineté à la gouvernance, de l’Etat-nation à l’Etat start-up, et du père de la nation au manager agile.
Emmanuel Macron est le coursier et le représentant historique de cette mutation. Une fois élu, il a voulu habiter la fonction, incarner une autorité, exercer le pouvoir en majesté. Il a ainsi créé une contradiction entre les idéaux types d’une gouvernance moderne : mobilité, agilité, vitesse et les formes de gouvernement propres à la Ve République. Il y a un vice de forme que l’opinion ressent intuitivement.
Le manager s’est mué en monarque
Emmanuel Macron veut rétablir artificiellement la sacralité de la fonction au nom de la gouvernance. Il veut la gouvernance néolibérale et la souveraineté monarchique. Il voudrait réconcilier de Gaulle et Xavier Niel, l’ethos de l’homme d’Etat dans les habits du manager. L’uniforme du militaire sous la dégaine du start-upper. Emmanuel Macron n’a pas réussi à recrédibiliser la fonction présidentielle, il en a au contraire révélé tous les défauts et le caractère désuet. Ce ne sont pas des erreurs de communication, c’est une faille dans le dispositif de représentation.
Partout l’hégémonie néolibérale s’impose à la politique, et la gouvernance à l’autorité. Le manager s’est mué en monarque, le leadership en autoritarisme, l’intelligence en arrogance, la jeunesse en immaturité… Gabriel Attal !
Puisque le Président aime la littérature, conseillons-lui l’œuvre de l’écrivain polonais Witold Gombrowicz qui a décrit dans la Pologne d’avant-guerre la décomposition des formes de la vie politique aristocratique. Son œuvre abonde en formes agonisantes, dévorées de l’intérieur par l’«Immaturité», la «Jeunesse», l’«Infériorité», bref, la grandeur déformée qui s’inverse en pitrerie. Emmanuel Macron est au fond victime de ce paradoxe terminal qui affecte les formes politiques en décomposition : plus vous singez l’Autorité, plus vous serez infantilisé. Plus vous vous moulez dans la Forme, plus vous serez humilié par elle.
«Aucune pression historique, écrit Gombrowicz, ne saura tirer des paroles importantes d’un homme fixé dans l’immaturité» et qui «tend à couler en bronze sa propre immaturité, fixer son indécision, ériger son indétermination en oracle». On ne saurait mieux dire.
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